Note: Descriptions are shown in the official language in which they were submitted.
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UTILISATION D'AU MOINS UN THIOSULFINATE OU THIOSULFONATE DE
DIALKYLE POUR RÉDUIRE LE NOMBRE D'APICOMPLEXES CHEZ UN
ANIMAL
L'invention concerne l'utilisation d'au moins un
thiosulfinate ou thiosulfonate de dialkyle pour réduire le
nombre d'apicomplexes présents chez des animaux
monogastriques, tels que la volaille ou le porc, ou des
ruminants, tels que les bovins, les ovins ou les caprins.
Arrière-plan de l'invention
Les apicomplexes ou sporozoaires sont des organismes
unicellulaires qui sont des parasites des vertébrés ou des
invertébrés. Ces parasites peuvent provoquer des pathologies
diverses.
Ainsi, par exemple, la coccidiose aviaire, qui est une
infection protozoaire intestinale universelle perturbant
gravement l'alimentation et la croissance de la volaille,
est provoquée par plusieurs parasites du groupe des
apicomplexes, en particulier du genre Eimeria, qui infestent
l'intestin et se propagent d'un animal à l'autre par
ingestion d'oocystes infectés.
Les Néospora et cryptosporidies, d'autres organismes
appartenant au groupe des apicomplexes, peuvent également
infester l'intestin des animaux.
Toutes ces infections entraînent des pertes économiques
pour l'industrie de l'élevage et il n'existe à l'heure
actuelle aucun vaccin efficace contre elles.
Les stratégies classiques de contrôle de ce type
d'infections sont très coûteuses car elles reposent
principalement sur la chimio-prophylaxie. De plus,
l'émergence continuelle de souches résistant aux
médicaments, comme les souches d'Eimeria, combinée au
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durcissement de la réglementation et aux interdictions de
l'utilisation de médicaments contre les coccidies dans
l'élevage industriel de la volaille, obligent à de nouvelles
approches et stratégies de contrôle des maladies.
En raison de la complexité de l'immunité de l'hôte et
du cycle de vie des parasites, il s'avère particulièrement
difficile de mettre au point de nouvelles stratégies
d'intervention ou de nouveaux vaccins contre les
apicomplexes.
La tendance actuelle est alors d'utiliser des vaccins à
base de parasites vivants pour contrôler la coccidiose. Il y
a dans le commerce, au niveau mondial, au moins dix vaccins
de ce type. Tous ces vaccins recourent à des oocystes
vivants infectés pour produire une infection réelle qui est
destinée à déclencher une immunisation naturelle qui protège
les poulets âgés de 3 à 4 semaines, ce qui correspond à
l'âge où se déclare la majorité des cas de coccidiose.
Cette technique de vaccination a l'inconvénient majeur
que les oocystes vivants ne peuvent être produits que par
des poulets vivants, ce qui demande beaucoup de travail et
implique de nombreuses manipulations.
Le document US 2006/122266 mentionne l'utilisation
de, entre autres composés, l'allicine qui est un
thiosulfinate de diallyle, c'est-à-dire un thiosulfinate de
dialkylène, donc un produit contenant 2 insaturations, pour
traiter la malaria.
Le document EP 2 110 128 cite le propyl propyl
thiosulfinate (PTS) et le propyl propyl thiosulfonate (PTSO)
comme composés anti-bactériens et anti-microbiens ; tous les
organismes cités dans ces documents sont des bactéries,
c'est-à-dire des procaryotes, alors que les apicomplexes
sont des eucaryotes ; les structures cellulaires entre les
procaryotes et les eucaryotes sont totalement différentes.
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Le document WO 2004/084645 traite des utilisations de
l'allicine. Aucune utilisation contre les apicomplexes n'est
mentionnée ou suggérée dans ce document.
L'extrait de la banque de données WPI, Week 199838,
Thomson Scientific, London, GB, AN 1998-440169 & HU 9 602
190 A2 du 28 mai 1998 mentionne l'utilisation d'une
combinaison d'huile d'ail, de thymol, d'huile de menthe
poivrée, d'huile citrique et de diluants ou supports pour
traiter et prévenir les coccidioses ; étant donné qu'il
existe une grande variété de constituants dans ces composés,
rien dans ce document ne permet de dire lequel de ces
composés est actif, seul ou en combinaison avec d'autres
constituants.
La publication de Lewis M. R. et al., Effects of
dietary inclusion of plant extracts on the growth
performance of male broiler chickens , British Poultry
Science, Longman Group, GB LNKD-DOI :10.1080/00071660301940,
vol. 44, no. Suppl. 1, 1eT janvier 2003, page S43,
XPO08104094ISSN : 0007-1668, ainsi que la publication de
Demir E. et al., The use of natural feed additives as
alternatives for an antibiotic growth promoter in broiler
diets", British Poultry Science, Longman Group, GB LNKD-
DOI:10.1080/00071660301944, vol. 44, no. Suppl. 1, ler
janvier 2003, pages S44 et S45, XPO08104095ISSN:0007-1668,
se rapportent à la croissance d'animaux auxquels on fait
ingérer divers composés, dont de l'ail ; aucun effet sur les
apicomplexes n'est mentionné dans ces documents.
Le document US 2009/018194 a trait à l'utilisation de
PTS ou de PTSO pour traiter des plantes.
- Le document EP 1 721 534 concerne l'utilisation de
dérivés du genre Allium comme conservateurs dans l'industrie
alimentaire ou agroalimentaire.
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Exposé sommaire de l'invention
L'invention a pour but majeur de lutter contre les
apicomplexes présents dans l'organisme d'animaux
monogastriques, tels que la volaille ou le porc, ou des
ruminants, tels que les bovins, les ovins ou les caprins.
Les recherches menées par les inventeurs leur ont
permis de trouver des agents capables de détruire les
apicomplexes. De façon surprenante, ces agents sont des
composés connus, les thiosulfinates et les thiosulfonates de
dialkyle, en particulier, le thiosulfinate de di(n-propyle)
et le thiosulfonate de di(n-propyle), qui seront appelés
respectivement PTS et PTSO dans la suite de la description.
L'utilisation de ces composés s'est révélée
particulièrement efficace pour détruire les apicomplexes, en
particulier les Eimeria.
En outre, ces composés peuvent être produits
indépendamment de l'animal auxquels ils sont destinés,
c'est-à-dire sans nécessiter d'oocystes, à partir de
produits naturels ou par synthèse organique.
Par ailleurs, ils présentent l'avantage surprenant
d'être efficaces même à très faibles doses.
D'autres caractéristiques et avantages de l'invention
vont maintenant être décrits en détail dans l'exposé qui
suit et qui est donné en référence à la figure unique
annexée qui est un diagramme comparatif représentent la
réduction du nombre de sporozoïtes en fonction des composés
utilisés.
Exposé détaillé de l'invention
Les thiosulfinates et thiosulfonates de di-alkyle sont
des composés répondant à la formule F suivante
R - SOa - S - R'
dans laquelle
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R et R', identiques ou différents, représentent chacun
un groupement alkyle ; et
a vaut 1 ou 2.
De préférence, les groupements alkyle R et R'
5 comprennent de 1 à 5 atomes de carbone.
De plus, on utilise plus particulièrement comme
groupements R et R', des groupements propyle, généralement
n-propyle.
Au sein d'un même composé de formule F, les groupements
R et R' sont de préférence identiques.
Pour un thiosulfinate de dialkyle, dans la formule F, a
vaut 1.
Pour un thiosulfonate de dialkyle, a vaut 2.
Comme composé(s) de formule F, il est avantageux
d'utiliser un thiosulfinate de dipropyle et/ou un
thiosulfonate de dipropyle, en particulier le PTS et/ou le
PTSO.
En effet, bien que le PTS puisse être un produit de
synthèse, on peut avantageusement l'extraire de plantes
appartenant à la famille des alliacées (selon la
classification phylogénétique APG) et en particulier au
genre Allium, qui est un membre de cette famille.
Les plantes les plus connues appartenant au genre
Allium sont le poireau (Allium ampeloprasum), l'oignon
(Allium cepa L.), l'ail cultivé (Allium sativum L.),
l'échalote (Allium ascalonicum), la ciboule (Allium
fistulosum L.) et la ciboulette (Allium schoenoprasum L.).
Selon l'invention, on utilise de préférence un extrait
d'ail, en particulier d'ail cultivé (Allium Sativum L.). Il
s'agit en général d'un extrait de bulbe d'ail.
Le PTSO peut être obtenu par synthèse ou décomposition
(ou oxydation) du PTS.
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L'obtention du PTS par extraction et du PTSO est
notamment décrite dans la demande de brevet EP-Al-1 721 534,
de la page 15, ligne 34, à la page 16, ligne 26.
Les thiosulfinates peuvent également être obtenus selon
le procédé décrit dans la demande de brevet FR-A-2 813 884.
Bien entendu, on peut utiliser des mélanges en toutes
proportions de
- plusieurs thiosulfinates de dialkyle ;
- plusieurs thiosulfonates de dialkyle ;
- au moins un thiosulfinate de dialkyle et au moins un
thiosulfonate de dialkyle.
Des études ont montré que les animaux, en particulier,
les volailles, ne développent pas de résistance contre ces
composés, ce qui rend leur utilisation dans l'élevage
industriel particulièrement intéressante.
Le PTS et/ou le PTSO sont utilisés à titre
prophylactique.
Pour leur utilisation à titre prophylactique, on peut
ajouter le ou les thiosulfinate et/ou thiosulfonate de
dialkyle à la nourriture pour les animaux, par exemple, en
les mélangeant quotidiennement à leur ration.
La quantité mise en oeuvre est alors généralement de 2 mg
par kg à 60 mg par kg de matière sèche d'aliment.
On peut éventuellement les diluer dans l'eau servie aux
animaux, à raison de 1 à 30 mg/l d'eau, sur la base de la
quantité moyenne bue par l'animal.
L'invention s'applique aux animaux monogastriques tels
que la volaille ou le porc, ou des ruminants, tels que les
bovins, les ovins ou les caprins.
Exemple comparatif
On a testé les propriétés anti-parasitiques des
composés suivants
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- une oléorésine de capsicum (pigment Capiscum
frutescens) contenant 6% en poids d'un mélange de
capsaïcine et de dihydrocapsaïcine
- du carvacrol ;
- du cinnamaldéhyde
- de la curcumine
- de l'anéthol ;
- du PTS (selon l'invention) ;
- du PTSO (selon l'invention); et
- un extrait (selon l'invention) appelé Garlicon 40
contenant 400 ppm de composés organo-sulfurés
caractéristiques de l'ail/oignon, 6,7% en poids de PTS
et 34,3% en poids de PTSO.
On a préparé une première série d'échantillons
constitués d'une solution aqueuse contenant 100 ppm des
composés à tester précités et une deuxième série
d'échantillons contenant seulement 10 ppm de ces
composés.
Ensuite, afin de pouvoir tester l'effet des composés
précités sur des Eimeria, on a procédé comme suit. On
s'est procuré des oocystes fraîchement sporulés d'Eimeria
tenella que l'on a conservés à 4 C dans une solution de
dichromate de potassium à 2,5% (poids/volume) jusqu'à
utilisation.
Puis, on a stérilisé les oocystes à l'eau de Javel
avant d'isoler des sporozoïtes. On a détruit
mécaniquement les parois des oocystes pendant 5 à 7
- - secondes à l'aide d'un broyeurà billes ayant des billes
de 0,5 mm.
Le produit obtenu a ensuite été incubé pendant 45
minutes à 41 C dans une solution tampon de PBS contenant
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0,014 mol/1 d'acide taurodésoxycholique et 0,25% en poids
de trypsine pour libérer les sporozoïtes.
Les fluides libérés par l'excystation ont été filtrés
et les sporozoïtes recueillis ont été lavés trois fois
avec du milieu RPMI-1640 sous agitation à 2100 tours par
minutes pendant 10 minutes à 4 C.
On a ensuite préparé des solutions de 106 sporozoïtes
par millilitre que l'on a laissé incuber avec le même
volume d'échantillon de composé à tester pendant 24
heures.
Puis, on a mesuré la viabilité des sporozoïtes suivant
la méthode d'exclusion du trypan bleu.
Les résultats sont visualisés sur la figure unique
annexée où les nombres situés au-dessus de chaque bâton
indiquent le pourcentage d'inhibition du composé
correspondant et les nombres figurant à la suite du nom
du composé sa concentration.
Une mesure a également été effectuée avec une solution
témoin (dépourvue de composé à tester) appelée
Control sur la figure.
Il apparaît, d'une part, que tous les composés testés à
une concentration de 100 ppm, sauf l'anéthol, ont un
effet d'inhibition ou destruction des sporozoïtes
d'Eimeria tenella marqué (d'au moins 61%) et, d'autre
part, que la curcumine, le cinnamaldéhyde, le carvacrol,
le PTS et le PTSO ou l'extrait Garlicon 40 sont les plus
performants (au moins 74%).
De plus, on constate avec étonnement que seuls le PTS
et le PTSO présentent un efficacité élevée,
respectivement, de 87% et 61%, à un taux de concentration
de seulement 10 ppm.
Qui plus est, de façon surprenante, le PTSO a même une
efficacité plus élevée à 10 ppm qu'à 100 ppm.